La traduction du traité de Waitangi
Il y à quelques années de cela, alors que je visitais le musée de Te Papa, situé à Wellington, en Nouvelle-Zélande, je suis tombée sur une copie du document fondateur de la nation néo-zélandaise : le traité de Waitangi.
Ce pays, composé de deux îles principales : île du Nord et île du Sud ainsi que de plus de 700 petites îles, était initialement habité par des Polynésiens. En 1642, Abel Tasman, navigateur et explorateur néerlandais, est le premier Européen à fouler le territoire. En 1769, arrive James Cook, navigateur, explorateur et cartographe britannique.
En 1840, le traité de Waitangi est signé par les représentants de la Couronne britannique et de nombreux chefs maoris. Ce document offre aux Maoris certains droits et privilèges tout en ouvrant la voie à la colonisation britannique en permettant la mise en place d'un gouvernement national. Ce traité est rédigé en anglais, puis traduit en maori. On observe les problèmes de traduction liés à son contenu au musée de Te Papa et aux archives de la capitale, c'est-à-dire Wellington. En signant la version anglaise, les chefs maoris acceptaient que les Anglais exercent le pouvoir en Nouvelle-Zélande et que les Britanniques, Européens et Australiens viennent s'installer en Nouvelle-Zélande. Dans la version maorie, ils pensaient que, en contrepartie, la possession de leurs terres étaient garantie, que leurs coutumes restaient protégées, que l'autorité traditionnelle des chefs était maintenue et qu'il y aurait un partage du pouvoir.
Ces problèmes de traduction ont mené à de nombreux conflits entre les forces coloniales britanniques et les Maoris de Nouvelle Zélande ; les guerres maories commencent en 1845 et prennent fin en 1872.
En 1975, soit plus d'un siècle plus tard, le gouvernement reconnaît finalement que les termes du traité n'ont pas toujours été honorés et met en place le tribunal de Waitangi, afin d'entendre les plaintes légitimes des Maoris.
Voici
ci-dessous la version anglaise datant de 1840 ainsi que sa traduction en maori,
publiée la même année. En 2016, les traductions françaises du texte écrit en
anglais et en maori sont publiées dans The Treaty Times Thirty, un petit ouvrage réalisé à l'initiative de la
Société néo-zélandaise des traducteurs et interprètes (NZSTI).
Version anglaise
datant de 1840
Her Majesty Victoria Queen of the United Kingdom of Great Britain and Ireland regarding with Her Royal Favor the Native Chiefs and Tribes of New Zealand and anxious to protect their just Rights and Property and to secure to them the enjoyment of Peace and Good Order has deemed it necessary in consequence of the great number of Her Majesty's Subjects who have already settled in New Zealand and the rapid extension of Emigration both from Europe and Australia which is still in progress to constitute and appoint a functionary properly authorized to treat with the Aborigines of New Zealand for the recognition of Her Majesty's sovereign authority over the whole or any part of those islands - Her Majesty therefore being desirous to establish a settled form of Civil Government with a view to avert the evil consequences which must result from the absence of the necessary Laws and Institutions alike to the native population and to Her subjects has been graciously pleased to empower and to authorize me William Hobson a Captain in Her Majesty's Royal Navy Consul and Lieutenant Governor of such parts of New Zealand as may be or hereafter shall be ceded to Her Majesty to invite the confederated and independent Chiefs of New Zealand to concur in the following Articles and Conditions.
Article the first
The Chiefs of the Confederation of the United Tribes of New Zealand and the separate and independent Chiefs who have not become members of the Confederation cede to Her Majesty the Queen of England absolutely and without reservation all the rights and powers of Sovereignty which the said Confederation of Individual Chiefs respectively exercise or possess, or may be supposed to exercise or to possess over their respective Territories as the sole sovereigns thereof.
Article the second
Her Majesty the Queen of England confirms and guarantees to the Chiefs and Tribes of New Zealand and to the respective families and individuals thereof the full exclusive and undisturbed possession of their Lands and Estates Forests Fisheries and other properties which they may collectively or individually possess so long as it is their wish and desire to retain the same in their possession; but the Chiefs of the United Tribes and the individual Chiefs, yield to Her Majesty the exclusive right of Preemption over such lands as the proprietors thereof may be disposed to alienate at such prices as may be agreed upon between the respective Proprietors and persons appointed by Her Majesty to treat with them in that behalf.
Article the third
Traduction maorie datant de 1840
Ko Wikitoria te Kuini o Ingarani i tana mahara atawai ki nga Rangatira me nga Hapu o Nu Tirani i tana hiahia hoki kia tohungia ki a ratou o ratou rangatiratanga me to ratou wenua, a kia mau tonu hoki te Rongo ki a ratou me te Atanoho hoki kua wakaaro ia he mea tika kia tukua mai tetahi Rangatira - hei kai wakarite ki nga Tangata maori o Nu Tirani - kia wakaaetia e nga Rangatira maori te Kawanatanga o te Kuini ki nga wahikatoa o te wenua nei me nga motu - na te mea hoki he tokomaha ke nga tangata o tona Iwi Kua noho ki tenei wenua, a e haere mai nei.
Na ko te Kuini e hiahia ana kia wakaritea te Kawanatanga kia kaua ai nga kino e puta mai ki te tangata maori ki te Pakeha e noho ture kore ana.
Na kua pai te Kuini kia tukua a hau a Wiremu Hopihona he Kapitana i te Roiara Nawi hei Kawana mo nga wahi katoa o Nu Tirani e tukua aianei amua atu ki te Kuini, e mea atu ana ia ki nga Rangatira o te wakaminenga o nga hapu o Nu Tirani me era Rangatira atu enei ture ka korerotia nei.
Ko te tuatahi
Ko nga Rangatira o te wakaminenga me nga Rangatira katoa hoki ki hai i uri ki taua wakaminenga ka tuku rawa atu ki te Kuini o Ingarani ake tonu atu - te Kawanatanga katoa o o ratou wenua.
Ko te tuarua
Ko te Kuini o Ingarani ka wakarite ka wakaae ki nga Rangatira ki nga hapu - ki nga tangata katoa o Nu Tirani te tino rangatiratanga o o ratou wenua o ratou kainga me o ratou taonga katoa. Otiia ko nga Rangatira o te wakaminenga me nga Rangatira katoa atu ka tuku ki te Kuini te hokonga o era wahi wenua e pai ai te tangata nona te wenua - ki te ritenga o te utu e wakaritea ai e ratou ko te kai hoko e meatia nei e te Kuini hei kai hoko mona.
Ko te tuatoru
Hei wakaritenga mai hoki tenei mo te wakaaetanga ki te Kawanatanga o te Kuini - Ka tiakina e te Kuini o Ingarani nga tangata maori katoa o Nu Tirani ka tukua ki a ratou nga tikanga katoa rite tahi ki ana mea ki nga tangata o Ingarani.
Traduction
française de la version anglaise de 1840, parue dans The Treaty Times Thirty, en 2016
Sa Majesté Victoria, Reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande, considérant de sa faveur royale les chefs et tribus indigènes de Nouvelle-Zélande, soucieuse de protéger leurs biens et droits légitimes et de leur garantir la jouissance de la paix et du bon ordre, a jugé nécessaire, étant donné le grand nombre de sujets de Sa Majesté déjà établis en Nouvelle-Zélande et l'expansion rapide de l'émigration en provenance à la fois d'Europe et d'Australie toujours en cours, d'instituer et de nommer un fonctionnaire dûment autorisé à traiter avec les aborigènes de Nouvelle-Zélande pour la reconnaissance de l'autorité souveraine de Sa Majesté sur toute l'étendue ou toute partie de ces îles. En conséquence, Sa Majesté, désireuse d'établir une forme stable de gouvernement civil en vue d'éviter les conséquences néfastes qui résulteraient inévitablement de l'absence de lois et des institutions indispensables à la population indigène et à ses sujets, a eu le plaisir de m'habiliter et de m'autoriser, moi, William Hobson, Capitaine de la Marine royale de Sa Majesté, Consul et Lieutenant-Gouverneur des parties de Nouvelle-Zélande qui pourraient être ou seront ultérieurement cédées à Sa Majesté, à inviter les chefs confédérés et indépendants de Nouvelle-Zélande à adopter les articles et conditions suivants.
Article premier
Les chefs de la Confédération des Tribus unies de Nouvelle-Zélande et les chefs autonomes et indépendants qui n'en sont pas devenus membres cèdent à Sa Majesté la Reine d'Angleterre, entièrement et sans réserve, tous les droits et pouvoirs de souveraineté que la Confédération ou que les chefs indépendants exercent ou possèdent respectivement, ou peuvent être supposés exercer ou posséder sur leurs territoires respectifs, en tant que souverains uniques de ces derniers.
Article deuxième
Sa Majesté la Reine d'Angleterre confirme et garantit aux chefs et tribus de Nouvelle-Zélande ainsi qu'à leurs familles et membres respectifs, la pleine possession exclusive et paisible de leurs terres et des domaines, forêts, pêcheries et autres biens qu'ils peuvent posséder collectivement ou individuellement, aussi longtemps qu'ils souhaitent et désirent les garder en leur possession ; en contrepartie, les chefs des Tribus unies et les chefs indépendants cèdent à Sa Majesté le droit exclusif de préemption sur les terres que leurs propriétaires pourraient être disposés à aliéner au prix pouvant être convenu entre ces derniers et les personnes nommées par Sa Majesté pour traiter avec eux à cet égard.
Article troisième
En contrepartie, Sa Majesté la Reine d'Angleterre étend aux indigènes de Nouvelle-Zélande sa protection royale et leur confère tous les droits et privilèges des sujets britanniques.
Traduction française du texte écrit en maori en 1840, parue dans The Treaty Times Thirty, en 2016
Victoria, Reine d'Angleterre, soucieuse de protéger les chefs et les tribus de Nouvelle-Zélande et désirant préserver leur chefferie sur leurs terres et maintenir la paix et l'ordre, estime juste de nommer un administrateur, lequel négociera avec le peuple de Nouvelle-Zélande, dans le but d'obtenir le consentement de ses chefs à l'établissement du gouvernement de la Reine sur toute l'étendue de ce pays et de ses îles (côtières), mais aussi parce qu'un grand nombre de ses sujets vivent déjà dans ce pays et que d'autres sont appelés à y venir. Ainsi, la Reine désire-t-elle établir un gouvernement afin de protéger contre tous malheurs et méfaits les Maoris et les Européens vivant dans un État sans lois. La Reine m'a donc nommé, moi, William Hobson, capitaine de la Marine royale, Gouverneur de toutes les parties de la Nouvelle-Zélande, (aussi bien de celles) qui seront remises à la Reine prochainement (que de celles) qui le seront dans l'avenir, et présente aux chefs de la Confédération, chefs de tribus de Nouvelle-Zélande et autres chefs les lois énoncées ci-après.
Article premier
Les chefs de la Confédération et tous les chefs qui n'ont pas rejoint cette Confédération donnent sans réserve et à jamais à la Reine d'Angleterre le droit absolu de gouverner leur pays.
Article deux
La Reine d'Angleterre accepte de protéger les chefs, les tribus et tout le peuple de Nouvelle-Zélande dans l'exercice inconditionnel de leur chefferie sur leurs terres, villages et tous leurs trésors. Mais d'autre part, tous les chefs, qu'ils appartiennent à la Confédération ou non, vendront des terres à la Reine au prix convenu entre le propriétaire et l'acheteur (ce dernier étant) nommé par la Reine comme son mandataire.
Article trois
Références:
- The full text of Te Tiriti o Waitangi | The Treaty of Waitangi. (2020, 18 décembre). Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa, Wellington, NZ. https://www.tepapa.govt.nz/discover-collections/read-watch-play/maori/treaty-waitangi/treaty-close/full-text-te-tiriti-o
- The Treaty Times Thirty : Translating the Treaty of Waitangi into Thirty Languages / A publication by the New Zealand Society of Translators and Interpreters. (s. d.). https://ndhadeliver.natlib.govt.nz/delivery/DeliveryManagerServlet?dps_pid=IE27325256
- Nouvelle Zélande (Petit Futé). (2016).